Ce soir-là, je me sentais lourd et fatigué. J'oubliais de regarder la lumière. Obligé de vaquer à des occupations fastidieuses, le lot du quotidien, toujours à recommencer. Mon atelier était souvent l'antichambre des rêves, mais aussi l'antre d'un vieux bonhomme poussiéreux. Parfois, je n'avais plus l'énergie de me secouer. Je ne me suis jamais expliqué pourquoi je n'avais pas le sursaut nécessaire dans les moments les plus difficiles ; si j'avais dû réfléchir à chaque inspiration, je me serais asphyxié ! Ma petite boutique était encombrée de vieux colis mal ficelés comme les réflexions en impasse qui obscurcissaient ma raison dans ces moments de repliement. Dire oui à la vie de toutes mes forces, voilà ce que je voulais depuis toujours, et j'en connaissais aussi depuis à peu près toujours la difficulté. Je me tenais donc sur le seuil de mes contradictions quand, de très loin, sa petite silhouette dansante au bord des vagues m'a intrigué.