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  • : le vent qui souffle
  • : Un souvenir surgissait parfois des mots comme un djinn d'une jarre, un souvenir imaginé, un oubli imaginaire... Le jeu de l'oubli dans l'écriture consistait à donner une forme à ces souvenirs blancs qui s'échappaient comme des fantômes...
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23 novembre 2012 5 23 /11 /novembre /2012 16:44

 

       Le père de Minima avait recommencé à jouer du violon dans une gare en attendant que la roue se remette à tourner dans le bon sens. Une sorte de « Robin des bois » l'avait finalement conduit dans une maison isolée qui disposait de l'eau et de l'électricité. « Un vrai palais », sans doute une ancienne maison de garde-barrière, où la famille avait été de nouveau réunie.

 

       Minima se souvenait qu'elle allait souvent contempler dans la cour le passage des trains qui ne s'arrêtaient plus. Ils glissaient sur les rails en déplaçant l’air qui les gênait, et leur vitesse était si grande qu'elle n’avait pas le temps de fixer son regard sur la tête des voyageurs ! La nuit, elle voyait des traînées de lumière et des traces de couleurs...

 

       A l'intérieur de la maison, le passage des trains faisait cliqueter les objets sur la table et les crayons dérapaient : les lignes qu'elle pré-voyait droites se transformaient en zigzags ; on aurait dit que la table était animée par un moteur comme une machine à coudre.

 

       Elle imaginait son père avec la casquette des contrôleurs de la SNCF et faisait semblant de relever ou d'abaisser les anciennes barrières. Il allait et venait sur un quai, sifflait, agitait un drapeau. Les conducteurs des locomotives descendaient lui serrer la main. La famille se trouvait au centre du monde, leur maison en garantissait le bon fonctionnement. Minima faisait un rêve étrange : qu'un train s'arrête. Il leur manquait de précieux papiers pour avoir le droit de circuler.

 

       Elle avait accompagné son père pour déposer leur histoire dans un dossier de la Préfecture. Dans la file d'attente, elle avait entendu comme une musique de voix avec des suites de sons inconnus qui s'évaporaient dans la salle. D'autres familles et des hommes seuls, soucieux, patientaient. On leur demandait des dates mais eux, une DAT (demande d'asile territorial), et les malentendus s'accumulaient.

 

       Un matin de très bonne heure, la police avait frappé à leur porte. Leur présence dans l'ancienne maison de garde-barrière avait été dénoncée. Le temps de réunir un baluchon, la famille avait été obligée de sortir. Dehors, Minima n'avait pas aperçu de grue mais des truelles et du ciment. Il y avait donc plusieurs façons de déloger les gens. Celle des maçons, qui muraient les portes et les fenêtres, laissait la possibilité de conserver DEBOUT  le souvenir de la maison qui les avait accueillis dans ses entrailles, entre deux rails. Minima s'était retournée pour jeter un dernier coup d'oeil : à l'étage de la chambre où elle avait dormi battait un volet bleu...

 

 

 

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