L’expérience naissante m’apprenait à combiner l’exercice de la volonté pour viser juste et l’abandon confiant au mouvement de l’inspiration, à son déroulé tranquille. J’apprenais la maîtrise du geste. Le continent de l’écrit m’offrait l’océan de ses paysages. L’immensité qui me faisait peur était ponctuée par la balle-bille de mon stylo-Jokari. Le fil-élastique de ma vie se glissait entre les lignes méridiennes et parallèles du Globe. Il pouvait se casser. Je coupais les bouts fragilisés et tâchais de nouer solidement les deux brins résiduels. Les vieux marins savaient naviguer sur des embarcations de fortune.