8 septembre 2012
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23:04
Je roulais dans l’arrière-pays, au crépuscule. Je traversais des champs roussis de lumière, sur des chemins bordés de haies. Je pénétrais dans des bois sombres, aux arbres, chênes, hêtres, centenaires. Un hibou s’envolait. Je souhaitais descendre vers la Côte de grâce. Je souhaitais saisir encore un peu du bleu désiré de la mer. Je me perdais. Bois et campagnes se refermaient comme un piège. Dans les trouées, je guettais la puissance des rayons obliques du soleil, qui déclinait. A la sortie d’une travée encore plus sombre, je constate que les ombres portées par les champs moissonnés sont étirées à la limite de l’horizon. Le soleil se couche, le soleil est en train de disparaître. Alors, je renonce. Il est trop tard. Un petit panneau de bois blanc que j’aperçois à peine m’indique enfin la direction de la côte. Je sais que c’est inutile. Je ne verrai plus, pas aujourd’hui, pas ce soir, la transparence bleue du ciel et de la mer. Si je suis ce panneau que je cherchais depuis le début de ma promenade, je ne devinerai qu’une masse déjà obscurcie, inquiétante, hostile. Je m’abandonne enfin aux charmes de l’arrière-pays. Un moulin, une chaumière, une paisible église romane, une grange dans laquelle je pourrais dormir. La nuit tombe. Je vais rentrer, phares allumés, en prenant un étroit chemin de traverse. Je frôle un talus, évite un lapin, effectue quelques virages dans une sorte de forêt de Brocéliande. Merlin, sans doute, me guide, car j’aperçois soudain des sortes de reflets, des taches de couleurs claires qui clignotent entre des paquets noirs. Je ne sais plus, pas, où je suis. Mon véhicule dégringole une pente. Je ralentis, je freine, je désire voir, comprendre, recomposer le tableau, la scène. Libéré du toit des arbres, le ciel s’est ouvert, limpide, bleu transparent, fuschia, turquoise. Sous moi, à droite de la route, entre les feuilles des arbres qui la bordent, Honfleur, qui miroite. Je descends jusqu’au port. J’admire.
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29 août 2012
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23:04
Je contemple, incrédule, une paire de lunettes rongée par l'eau et le sel, qui semble avoir échoué de ce côté-ci de la mer intérieure, à la lisière des vagues et du sable, devant mon nez. J'avais perdu les miennes de l'autre côté de la Méditerranée en chahutant dans les rouleaux de la plage d'Alger, de nombreuses années auparavant. Les verres correcteurs sont très abîmés, piquetés, opacifiés. Je risque un oeil, les indices sont confondants.
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24 août 2012
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Survol des Alpes. Le pilote intervient pour nous aider à localiser le Mont-Blanc. Neiges éternelles (?) et glaciers (menacés?) étincellent. Sensation irréelle, inversion des rôles ou des pôles, le monde est à l'envers et si bas qu'il faut pencher la tête pour l'admirer.
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20 août 2012
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10:22
Chaque été, la ville est en travaux. Par la fenêtre ouverte, un marteau-piqueur donne la réplique aux instruments à vrille qui oeuvrent dans le cabinet du dentiste. Je me sens perforée de la tête aux pieds.
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20 août 2012
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09:40
Aujourd’hui, 20 août 2008, devant un poste de télévision peu différent (je n’ai pas d’écran plat) de ceux qui étaient fabriqués quarante-quatre ans plus tôt, je regarde les JO de Pékin et je me souviens qu’en 1964 (JO de Tokyo), une enseignante nous avait demandé d'imaginer l'an 2000. Robots, soucoupes volantes, vacances sur la planète Mars dans la maison de "Mon oncle" au carré, le vieux monde faisait place à un univers de science-fiction spectaculaire… Aujourd’hui, la planète Terre est un village, mais les villes sont des mégalopoles. La révolution est microscopique, sur le marché aux puces électroniques. Le nouveau monde est emballé dans une toile, tissée par l'Internet. A Pékin, des survivants de l'ancien monde essaient d'empêcher la Toile de véhiculer les informations qui les gênent, mais Bouddha continue de sourire.
*Le sourire innombrable est un titre emprunté à Jacqueline de Romilly.
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14 août 2012
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Cette très vieille femme, surprise entre les deux pôles de son passé qui resurgit condensé dans le mot oued, qu'elle prononce avec hésitation devant le cours d'eau caché qui semble pourtant avoir creusé une vallée au bas de la colline où elle vient d'être portée/conduite; puis dans le mouvement qu'elle esquisse pour essayer de rejoindre des rires d'enfants invisibles qui s'amusent à quelques mètres de nous derrière des arbres... Elle paraissait inerte, elle s'est soudainement animée et j'ai cru apercevoir son âme: tout son être-passé tendu entre l'oued de son enfance et les enfants qu'elle a aimés...
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13 août 2012
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09:53
Les bureaux voisins sont vides, le couloir qui les distribue est désert, le distributeur automatique de boissons, outre sa mission première, me désaltérer, remplit celle de me tenir compagnie.
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10 août 2012
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Les champs de blé viennent d'être moissonnés; la paille est rassemblée en rouleaux qui ressemblent à de grandes roues, et j'imagine qu'elles se glissent sous la terre pour la faire avancer!
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8 août 2012
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23:10
Un couple a été photographié* sur la place Rouge. Ils sont jeunes, se tiennent par la main. Leur visage est masqué par un morceau de tissu blanc. Ils avancent, semble-t-il, dans une sorte de brouillard. Le ciel pourrait être étincelant et les ombres des promeneurs ou des monuments, clairement découpées. L’été, cette année à Moscou, est caniculaire, mais la ville est grise. Des fumées toxiques rendent l’air irrespirable. Elles proviennent de gigantesques incendies de forêts qui cernent la capitale. Le feu, incontrôlable, s’avance vers des zones contaminées par la catastrophe technologique de Tchernobyl.
(* Photo publiée dans "Le Monde", dimanche 8/lundi 9 août 2010)
En Inde et en Chine, les pluies de la mousson sont torrentielles. Au Pakistan, elles provoquent des inondations d’une ampleur inégalée depuis le Déluge biblique. Des millions de villageois quittent leurs fermes ravagées. Les photos qui circulent autour du monde les montrent avec de l’eau jusqu’à la poitrine, un maigre baluchon tenu au sec à bout de bras, soutenant qui, un enfant, qui, un vieillard, en lutte contre la force du courant, en marche (?) au travers de l’étendue liquide qui s’est substituée à leurs champs, qui a noyé leurs cultures, anéanties par une sorte de monstre que les experts appellent « catastrophe naturelle ».
Eté 2010.
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7 août 2012
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23:08
Les Géorgiens ont envahi l'Ossétie du Sud et les Russes ont envahi la Géorgie...
8/08/2008
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