Non, je n’étais pas passée sans transition de l’état instable et anxieux de mon enfance à l’apaisement des années qui s’étaient succédé ensuite jusqu’à mon départ pour L. en suivant une orbite aussi régulière que celle des corps célestes. Cette impression résulte d’un effet de perspective dû à l’inclinaison prise par ma mémoire. Si je me rapproche de la période que j’ai appelée « newtonienne » de ma vie, je constate qu’elle est parsemée elle aussi de trous et de bosses. Néanmoins, l’impression dominante que m’a laissée mon enfance reste incontestablement la confrontation inconfortable au mystère insoluble de la vie et de la mort, alors que l’âge de raison et les années qui ont suivi ont permis que je campe sur un sol plus solide... ENFANCE