Un couple a été photographié* sur la place Rouge. Ils sont jeunes, se tiennent par la main. Leur visage est masqué par un morceau de tissu blanc. Ils avancent, semble-t-il, dans une sorte de brouillard. Le ciel pourrait être étincelant et les ombres des promeneurs ou des monuments, clairement découpées. L’été, cette année à Moscou, est caniculaire, mais la ville est grise. Des fumées toxiques rendent l’air irrespirable. Elles proviennent de gigantesques incendies de forêts qui cernent la capitale. Le feu, incontrôlable, s’avance vers des zones contaminées par la catastrophe technologique de Tchernobyl.
(* Photo publiée dans "Le Monde", dimanche 8/lundi 9 août 2010)
En Inde et en Chine, les pluies de la mousson sont torrentielles. Au Pakistan, elles provoquent des inondations d’une ampleur inégalée depuis le Déluge biblique. Des millions de villageois quittent leurs fermes ravagées. Les photos qui circulent autour du monde les montrent avec de l’eau jusqu’à la poitrine, un maigre baluchon tenu au sec à bout de bras, soutenant qui, un enfant, qui, un vieillard, en lutte contre la force du courant, en marche (?) au travers de l’étendue liquide qui s’est substituée à leurs champs, qui a noyé leurs cultures, anéanties par une sorte de monstre que les experts appellent « catastrophe naturelle ».
Eté 2010.