Les habitués suivaient chaque jour la même trajectoire. Je les apercevais à l'instant où leur vie s'arrêtait quand les portes du métro s'ouvraient. Les rails luisaient contre le bord des quais jumeaux. De grandes affiches épousaient la forme incurvée des murs du tunnel. Les personnages représentés étaient des hommes et des femmes de rêve. Leurs enfants n'avaient qu'un lointain rapport avec l'idée que je me faisais de moi-même. Ils étaient entourés d'objets magnifiques dont la beauté éclipsait l'usage. Un simple tabouret avait l'apparence d'une sculpture. Comme dans le hall d'entrée d'un cinéma, j'essayais d'imaginer les films en les déduisant des affiches. Les gens munis d'un ticket montaient dans les navettes qui les conduisaient vers les lieux où se jouait réellement leur vie. Les portes coulissantes de tous les wagons se refermaient avec ensemble sur ces acteurs figurants qui avaient pris place dans les compartiments...